Il y a quelques jours, en lisant une interview de la championne de ski Lara Gut-Behrami, j’ai bien aimé le passage dans lequel elle parlait d’une autre championne, de tennis cette fois.
Quand le journaliste lui demande si elle comprend l’attitude de Naomi Osaka lorsque celle-ci a refusé de s’exprimer en conférence de presse à Roland-Garros, et alerté le monde sur le danger que le système représentait du point de vue de la santé mentale des athlètes, voici la réponse de la skieuse:
Oui, complètement. Quand, tous les trois jours, tu es amenée à t’exprimer sur tel ou tel aspect de ton jeu, cela peut insinuer dans ton esprit des doutes qui n’y étaient pas auparavant. On te pousse à réfléchir à des tas de choses, et cela peut conduire à remettre en question des choses qui n’auraient pas dû l’être.
Lara Gut-Behrami, dans le quotidien Le Temps du 25 septembre 2021
Ça m’a fait penser à tous ces articles et bouquins qui nous disent qu’on peut s’améliorer, qu’on peut être plus que ce qu’on est.
Parce que, un peu comme Lara et Naomi, quand on y pense, nous sommes aussi des champion·ne·s dans notre catégorie qu’est… la vie.
Comme des athlètes, on peut essayer d’être des as dans notre domaine en essayant de nous améliorer sans cesse. Sauf que, si on peut faire un bout du chemin pour surmonter nos freins, on ne contrôle pas tous les paramètres et le résultat de nos actions ne dépend jamais entièrement de nous.
Apparemment anodins, les articles et autres bouquins de développement personnel sont un peu comme des journalistes lors d’une conférence de presse qui seraient tout le temps en train de nous poser des questions en nous demandant Pourquoi on est arrivé à faire ça mais pas ça? Quelle stratégie on compte mettre en place pour faire mieux que ce qu’on fait? Est-ce qu’on ne devrait pas plutôt arrêter que s’acharner?,…
Sans parler des Lui·elle aussi, ça lui était arrivé et il·elle avait mis ça en place et ça avait fonctionné. Pourquoi vous essayez pas?!!!???
Ces articles et livres glissent ainsi insidieusement en nous l’idée que ce qu’on est n’est pas suffisant. Que, si on faisait les bons efforts, on pourrait être une meilleure version de nous-même. Et qui si on n’y arrive pas, eh ben c’est qu’on est nul·le parce qu’il suffisait pourtant de mettre en place telle action pour y arriver. Il n’y a qu’à regarder telle personne. Elle, elle y arrive.
UN CONSEIL: quand vous vous sentez fragile, vulnérable, prenez à fond soin de vous. Imaginez que vous êtes un·e enfant qui a juste besoin qu’on le·la prenne dans ses bras.
A ce moment, les mots ne servent à rien. Les Tu devrais faire ça et Autre bouge-toi! viendront plus tard, quand vous aurez repris des forces et que vous vous sentirez d’attaque.
Parce que là, quand vous êtes au creux de la vague, vous prenez un risque en vous accrochant à de telles bouées: que ça n’aille pas mieux. Voire même que ça aille encore moins bien.
Et, quand vous remonterez la pente, vous saurez quoi faire. Vous n’aurez même pas besoin de l’impulsion d’un élément extérieur.
J’ai bien aimé cette phrase lancée par un des personnages de la série Plus belle la vie. Il s’agissait d’un jeune couple qui traversait une crise. Les deux ne savaient pas quoi faire. Quelques mois auparavant, les deux s’étaient retrouvés dans un arbre pendant plusieurs jours. En squattant cet arbre, ils voulaient faire en sorte que les autorités ne l’abattent pas. Et ils y sont parvenus.
En pleine crise, au lieu d’essayer de trouver une solution, la fille suggère à son copain: “On fait comme dans notre arbre quand il y avait la tempête: on s’accroche aux branches et on attend que ça passe.“
Parce que, parfois, il n’y a rien de mieux à faire qu’attendre que ça passe.